Histoire de l’acupuncture

 

L’acupuncture a été pendant des milliers d’années le secret le mieux gardé du peuple chinois. Cette discipline médicale a une histoire qui remonte à plusieurs milliers d’année; en effet, des vestiges archéologiques ont mis à jour des petits poinçons de pierre ayant été utilisés il y a des dizaines de millier d’années, alors que les méthodes de fabrication des aiguilles en métal étaient encore inconnues. La théorie généralement admise au sujet de son apparition peut être racontée sous la forme d’une petite histoire.

 

  "Wang, un chasseur chinois de l’époque préhistorique, souffre depuis plusieurs années de terribles migraines. Un beau jour, alors qu’il piste le gibier pour nourrir sa famille, il est victime d’un accident de chasse et atteint par une flèche qui se loge dans sa cheville, tout près du talon. On le ramène d’urgence au camp. Chou, le guérisseur-chaman, est aussitôt appelé pour extraire la flèche. Heureusement, la blessure est mineure et la guérison se passe sans problème. Une semaine plus tard, Wang est remis sur pied et il retourne voir Chou pour le remercier de son aide. Comme c’est le guérisseur du village, Chou s’informe en même temps de l’état de santé général du chasseur. Ce dernier réalise alors avec stupéfaction qu’il n’a eu aucune crise de migraine depuis son accident. Intrigué, le guérisseur réfléchit longuement, puis a soudain une idée de génie. Le lendemain, il rend visite à Yu, la femme du chef, qui elle aussi souffre souvent de maux de tête auquels aucun remède n’a apporté de solution jusqu’ici. À l’aide d’un couteau de pierre pointu, il perce la peau de Yu sur la cheville à l’endroit exact ou Wang avait été blessé. Dans les minutes qui suivent, la femme du chef se sent soulagée de sa douleur à la tête pour la première fois depuis des mois. Chou est richement récompensé et, fort de son expérience, il se met à rechercher d’autres points du corps dont la perforation peut traiter des problèmes de santé. Sans le savoir, il vient d’inventer l’acupuncture."

 

Cette petite parabole a le mérite de nous rappeler que l’acupuncture n’est pas quelque chose de « magique » ou de « paranormal », comme on l’a laissé entendre par le passé, mais bien une science pratique développée de façon empirique, c'est-à-dire à travers l’essai et l’erreur et de la compilation de données.

 

  

L'acupuncture durant l'antiquité

 

Le plus vieux livre de médecine recensé à ce jour dans le monde entier est le Nei Jing Su Wen (Classique des difficultés en médecine interne). Ecrit en Chine vers l’an 2700 avant JC, cet ouvrage énonce les grandes théories qui, encore aujourd’hui, servent de base à la pratique de l’acupuncture. À travers l’évolution des grandes dynasties chinoises, la pratique de l’acupuncture a toujours gardé sa place prestigieuse au sein des pratiques médicales traditionnelles. À cette époque, l’acupuncteur était aussi chirurgien, chargé d’extraire les kystes et les nodules. Certains grand acupuncteurs entreprirent même des chirurgies beaucoup plus poussées, le plus célèbre étant sans doute le Dr Huato (2e siècle AD) qui serait parvenu à extraire avec succès une tumeur au cerveau. Mais outre ces cas anecdotiques, le travail de l’acupuncteur ressemblait déjà beaucoup à ce qu’il est aujourd’hui : c'est-à-dire diagnostiquer les problèmes de santé et planter de petites aiguilles dans le corps du patient pour y remédier.

 

 

L’acupuncture en Occident

 

Jusqu’à très récemment dans l’histoire, les contacts entre la Chine et l’Occident étaient à peu près inexistants, et l’acupuncture inconnue de ce côté-ci du monde. Il faudra attendre les carnets de Marco Polo pour avoir une première mention de la pratique de cet art médical et ce n’est qu’au 18e siècle que certains jésuites en mission commencèrent à en rapporter des observations plus détaillées. Mais ne perce pas les secrets du peuple chinois qui veut! Ce n’est qu’au début du 20e siècle qu’un ambassadeur Français, M. Soulié de Morant, réussira finalement à gagner suffisamment la confiance d’un médecin chinois pour qu’on lui enseigne les rudiments de cet art, il devint donc le premier acupuncteur Européen.

 

Par la suite, plusieurs écoles d’acupuncture se sont développées en Europe, puis en Amérique. Lors de la révolution culturelle de Mao Ze Dong dans les années 50, beaucoup d’acupuncteurs d’expérience durent fuir la Chine pour éviter la persécution dont fut victime l’élite intellectuelle. Ils entreprirent alors de partager leurs connaissances avec les Occidentaux : c’est durant cette période que furent fondés la plus grande partie des établissements d’enseignement de Médecine Traditionnelle Chinoise et d’acupuncture encore à l’œuvre aujourd’hui.

 

 

L’acupuncture aujourd’hui

 

De nos jours, la pratique de l’acupuncture s’inscrit dans un cadre très différent de celui de la Chine antique. Elle sert d’alternative ou de complément aux gens qui ne trouvent pas de solution à leurs problèmes de santé avec la médecine moderne, ou encore pour ceux préférant utiliser des voies thérapeutiques plus douces qui travaillent en harmonie avec le corps.

 

L’acupuncteur contemporain acquiert à travers ses études une double formation : d’un côté, il se forge une connaissance détaillée de l’anatomie, de la physiologie et des processus pathologiques du corps tels que nous le concevons dans notre monde moderne; de l’autre, il est formé selon l’école de la Médecine Traditionnelle Chinoise, une façon d’envisager l’être humain basée sur des milliers d’années d’observations et d’analyses du corps humain. Cette seconde formation lui permet d’établir son propre « diagnostic énergétique », qui utilise les termes et les concepts propres à la médecine chinoise, et ainsi d’établir un plan de traitement qui soit spécifique à chaque individu. En effet, bien qu’étant en mesure d’interpréter un diagnostic médical ou les résultats de tests médicaux, l’acupuncteur se basera sur ses propres observations pour faire son intervention, car il considère que chaque humain est unique et que le traitement pour chaque patient doit être adapté à sa constitution, à son niveau de vitalité et à son mode de vie. C’est ainsi que deux patients venant consulter avec un diagnostic d’anémie pourront recevoir un traitement complètement différent, car adapté à leur condition particulière.